En 2019, serez-vous prêt à jardiner sans pesticides ?

A l’instar des collectivités et des établissements publics, les pesticides de jardins sont désormais interdits de vente, de détention et d’utilisation pour les particuliers (sauf biocontrôles, faibles risques et utilisables en agriculture biologique).

Issue de la loi Labbé, cette interdiction concerne également les collectivités qui n’ont plus le droit depuis le 1er janvier 2017 d’utiliser les pesticides chimiques* sur les espaces verts, les forêts, les voiries ou les promenades accessibles ou ouverts au public.

Jardiner sans pesticides, c’est possible, et ça va même devenir indispensable. En effet, pour protéger l’environnement et préserver la santé publique, le législateur a fait évoluer la règlementation en matière d’utilisation de produits phytosanitaires pour tous les utilisateurs. Les dernières évolutions concernent plus spécifiquement les collectivités et les jardiniers amateurs. Mais avant ça, petit retour en arrière …

A la fin des années 1990, la sonnette d’alarme retenti dans toute la Bretagne : dans plusieurs communes, il n’est plus possible de produire d’eau potable, les résultats en azote et en pesticide sont trop élevés dans les milieux naturels. La première cible des opérations d’amélioration de la qualité de l’eau, Bretagne Eau Pure à l’époque, a été le monde agricole, qui s’est engagé dans une amélioration progressive des pratiques culturales. La qualité s’améliore lentement, mais surement.

Le monde agricole n’est pas le seul concerné. Très vite, dès le milieu des années 2000, la gestion des espaces publics à mobiliser l’attention des opérateurs de SAGE : l’utilisation des pesticides était monnaie courante, y compris sur les surfaces imperméables, avec pour résultat un transfert vers le pluvial et les milieux naturels important. Les collectivités se sont alors orientées vers de nouvelles méthodes de gestion, faisant appel au désherbage thermique ou mécanique, au paillage, et aux techniques de jardinage au naturel. Cette évolution volontaire est aujourd’hui règlementaire : pour les services publics, l’utilisation des pesticides est totalement interdite depuis le 1er janvier 2017, sauf sur les cimetières et les terrains de sport.

Le jardinier amateur, utilisateur régulier. Pour les particuliers, à compter du 1er janvier 2019, la vente, l’utilisation et la détention de pesticides par les particuliers seront totalement interdites. Restent autorisés, les produits de biocontrôle (c’est-à-dire ceux qui utilisent les mécanismes naturels), les produits qualifiés à faibles risques et ceux utilisables en agriculture biologique.

Les jardiniers amateurs devront donc adopter des méthodes alternatives à la chimie. 

Planter des plantes locales, au bon endroit selon l’exposition et la nature du sol – cultiver à proximité les unes des autres des plantes qui s’apportent des bénéfices mutuels – utiliser les plantes et les animaux auxiliaires pour lutter contre les maladies et les ravageurs – favoriser la biodiversité, alterner les cultures, adopter le paillage pour protéger vos végétaux des bioagresseurs – en sont quelques-unes. Un jardin naturel et équilibré est un jardin plus résistant !

Rapportez vos pesticides !Bidons, bouteilles, flacons, sprays, et autres contenants, qu’ils soient vides, souillés ou avec un reste de pesticides, ils doivent être rapportés en déchetterie ou en un point de collecte temporaire, si possible dans leur emballage d’origine. Il ne faut en aucun cas les jeter à la poubelle, ni les déverser dans les canalisations. Renseignez-vous auprès de votre commune pour trouver la déchetterie la plus proche ou un point de collecte temporaire.

Où trouvez l’information ?

Les vendeurs des jardineries du territoire connaissent les techniques de jardinage au naturel et peuvent apporter des solutions efficaces. Les sites internet regorgent d’astuces et de conseils pour se passer des produits chimiques. Plusieurs associations proposent des conférences et des ateliers sur les techniques alternatives. Bref … les sources d’information ne manquent pas !

â–º Retrouver l’ensemble des conseils et solutions pour jardiner sans pesticides sur :

  • Le site www.jardiner-autrement.fr, le site de référence pour jardiner sans pesticides
  • Le site de la Maison de Consommation et de l’Environnement : http://www.jardineraunaturel.org/ -partenaire régional

Des exemples à suivre

Plus de 4 610 communes en France sont engagées dans des chartes locales à objectif « zéro phyto ». Pour accompagner les collectivités dans leur démarche, le ministère de l’Environnement publie Ma commune sans pesticide : le guide des solutions

Et sur le territoire du SAGE Sud Cornouaille ?

Les communes du territoire n’ont pas attendu l’application de la loi Labbé, dite « zéro phyto Â», pour adopter des bonnes pratiques. Certaines communes sont même engagées vers le zéro phyto. Découvrez les actions innovantes mises en Å“uvre sur le territoire Sud Cornouaille :

Première journée de désherbage participatif à Saint Evarzec

La commune de Saint Evarzec a récemment organisé une journée citoyenne d’entretien du cimetière communal dans un objectif « zéro phyto Â». Le comité consultatif de l’environnement et le service des Espaces Verts de la commune ont ainsi organisé le samedi 13 octobre 2018 une matinée de nettoyage et de désherbage du cimetière communal. Afin de prévenir la population, deux panneaux avaient été installés à l’entrée du cimetière. Une trentaine de participants se sont relayés durant la matinée, certains sont restés toute la matinée d’autres une heure ou deux. Bonne humeur et ambiance décontractée dans ce lieu solennel.

â–º Pour en savoir plus : Commune de Saint Evarzec : https://www.saint-evarzec.bzh/ – Elu référent : Cathy De Abreu, adjointe chargée des marchés publics et de l’environnement – Responsable technique : Brunon Tanniou, responsable des espaces verts

Enherbement du Cimetière de Clohars Carnoët

En réponse aux évolutions règlementaires et à l’interdiction programmée d’utiliser des produits phytosanitaires sur les espaces publics, la commune s’est orientée vers l’enherbement des allées du cimetière pour en faciliter l’entretien. Cette décision a été prise en concertation entre les élus et les services, et a été relayée via le « Clohars info Â» et une plaquette d’information à disposition dans le cimetière. « Cette étape a été cruciale pour expliquer les nécessaires changements opérés par la collectivité, mais n’a pas empêché les réactions virulentes de certains usagers. Depuis le principe a été accepté et les retours sont plutôt positifs Â» explique le responsable des espaces verts.

Sur un plan technique, deux plantations différentes ont été réalisées. Dans les allées intermédiaires, un gazon de type « accotement Â» a été planté pour un coût de l’ordre de 0.20 € / m². Pour les inter-tombes, le sedum a été préféré pour un coût de l’ordre de 25 € les 120 plants : « en inter-tombe, en fonction de l’espace à couvrir, nous réalisons souvent une plantation en ligne, avec un espacement de 10 à 15 cm entre chaque plant Â». Ces interventions ont été réalisées en 2 tranches au printemps 2017 et 2018. Préalablement à la plantation, un décompactage léger du sol a été nécessaire. Ces travaux ont été réalisés en interne : au total 3 journées / agents pour les 2 tranches.

En réalisant ces travaux, la commune ne cherchait pas forcément à faire des économies. Clairement ce type d’aménagement nécessite du personnel pour entretenir, mais c’est un engagement écologique important pour l’intérêt général. Concrètement, la commune réalise 5 à 6 tontes dans l’année sur les espaces enherbés pour tenir le cimetière propre. Pour les espaces restés en graviers, l’entretien est réalisé à l’aide d’une houe maraichère, également connue sous le nom de vélo-binette.

â–º Pour en savoir plus : Commune de Clohars Carnoët : https://www.clohars-carnoet.fr – Elu référent : David ROSSIGNOL – Responsable technique : Benoît GUILLOSSOU

Mise en œuvre de la gestion différenciée sur la commune de Concarneau

La gestion différenciée est née d’une volonté de gérer autrement les espaces verts. L’objectif est de créer à terme les espaces verts durables de demain. Pour cela, l’étude a démontré la nécessité de laisser entrer la nature dans la ville (faune et flore urbaine notamment) et de répondre à un accroissement constant des surfaces en gestion tout en ayant un effectif et des moyens contraints. Cette notion invite à la réflexion pour mettre en Å“uvre une gestion adaptée à la commune :

  • Mettre en avant le potentiel écologique des espaces verts dans la ville. Il ne faut pas s’attendre à voir soudainement apparaître des espèces spectaculaires ou rares, mais inévitablement ce mode de gestion va conduire à une augmentation progressive de la richesse écologique du territoire
  • Mettre en avant le savoir-faire du personnel communal en adoptant des pratiques extensives sur les espaces les plus naturels permettant de dégager du temps pour les agents du service. La mise en Å“uvre de la gestion différenciée permet ainsi de prendre en charge des surfaces plus importantes ou bien de consacrer plus de temps à la conception et à l’entretien des espaces de prestiges. C’est encore l’occasion de gérer de manière alternative les espaces minéralisés (voirie, cimetière …)

 A Concarneau, la gestion différenciée a fait l’objet d’une large concertation avec les élus, les agents du service et les usagers. Le Bureau d’Etude Atelier Pierre LEBRUN Paysage à NANTES a été mandaté pour accompagner la ville dans cette démarche pour un coût global de 20 500 €. Si cette étude a été bien perçue au début, elle a assez rapidement rencontré des difficultés : « les usagers sont très attachés à l’entretien des espaces publics, et la gestion extensive est aisément assimilée à un non entretien Â». Ce type de projet doit donc impérativement s’accompagner d’une « bonne communication pour limiter le mécontentement des habitants durant les 2 premières années de mise en place du Plan de Gestion Différenciée des Espaces Verts».

Sur un plan technique, ce travail a permis de classer les espaces publics en 4 codes de gestion, allant de l’espace de prestige à l’espace naturel à protéger. Les critères qui ont permis cette classification sont l’emplacement géographique, la cohérence territoriale, la rigueur de la composition, la technicité nécessaire à l’entretien, les usages, les coûts de fonctionnement et d’investissement, la classification au PLU (trame verte et bleue) … Cette stratégie de gestion de l’espace public a été validée par le Conseil Municipal le 16 décembre 2014, et mise en place au printemps 2015 sur la commune. En 3 saisons, les bilans sont très positifs et l’on peut déjà quantifier et qualifier les bénéfices de cette politique et tirer les premiers enseignements de ces nouvelles pratiques. Â»

â–º Pour en savoir plus : Commune de Concarneau : http://concarneau.fr/  – Elu référent : Xavier CALVARIN, adjoint aux travaux – Responsable technique : Yann HUBERT, responsable des espaces verts

Aménagement des places de parking sur Trégunc

Lors de la réfection de la voirie du centre-ville de Trégunc, la municipalité a opté pour un aménagement en pavés enherbés des places de stationnement à la sortie de la ville. Cet aménagement présente de nombreux avantages :

  • Sur un plan paysager, les pavés enherbés apportent un peu de verdure dans un milieu principalement minéral.
  • Cet agencement est perméable et permet de lutter contre les pollutions : il n’y a pas de ruissellement, et les eaux sont filtrées par les végétaux et le sol
  • Les parkings enherbés sont des micro-habitats favorables au développement de la biodiversité.

Sur un plan technique, ces travaux nécessitent un certain nombre d’étapes afin de stabiliser durablement l’aménagement :

  • Sous-fondation sur géotextile composée de matériaux 0/80 sur environ 40 cm
  • Une fondation en 0/31.5 sur une épaisseur de l’ordre de 20 cm.
  • Pour finir, les pavés seront posés sur un lit fertile de 3 à 4 cm d’épaisseur. Les joints sont enherbés à l’aide d’un gazon à pousse lente.

Pour l’entretien, un apport d’engrais peut s’avérer nécessaire pour redynamiser le gazon. Au quotidien, les voitures feront une grosse partie du travail en roulant sur l’herbe. Une tonte peut être à prévoir épisodiquement sur les angles. L’aménagement réalisé présente un très faible différentiel de hauteur ente la route et le trottoir : une balayeuse peut tout à fait entretenir cet espace sans avoir à modifier les réglages. Le bureau d’étude qui a réalisé les travaux a estimé à 58 € / m² le coût de revient de cet aménagement.

â–º Pour en savoir plus : Commune de Tregunc: http://www.tregunc.fr/Mairie – – Elu référent : Michel TANGUY, adjoint aux travaux – Responsable technique : Jérémie GARCES

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